samedi 16 mars 2013

Vivre l'instant présent.



Je ne résiste pas à reproduire ici ce texte d’un ami "lointain"que j’apprécie beaucoup , Loïc Talmon.


"Malgré son apparente simplicité, l'invitation à vivre l'instant présent n'est pas chose aisée pour la plupart d'entre nous. Considérons l'une de nos journées : nous passons l'essentiel de notre temps à ressasser le passé, sur le mode du regret, ou à imaginer l'avenir, sur le mode de l'attente. Et le temps restant, nous nous empêtrons dans nos préjugés. Bref, nous consacrons la majeure partie de notre énergie à des illusions : en effet, le passé n'existe plus, tandis que l'avenir n'existe pas encore ; quant aux préjugés, ils constituent le plus sûr moyen de se masquer la complexité du réel. Vivre l'instant présent consiste en l'attitude résolument inverse, soit l'acceptation de tout ce qui se présente, en soi et autour de soi, le "bon" comme le "mauvais", sans rien planquer sous le tapis. C'est dire si le "carpe diem" cher à Horace a été sacrifié aujourd'hui sur l'autel du consumérisme : à suivre les publicitaires, vivre l'instant présent équivaudrait à expérimenter un orgasme permanent. Or dans la réalité, l'instant présent n'est pas forcément plaisant, loin de là. Mais vivre ici et maintenant, c'est coller au plus près de ce qui est, en laissant toutes les émotions négatives liées à notre représentation du passé ou de l'avenir au vestiaire. Certes, me direz-vous, mais si l'instant présent ne contient rien de satisfaisant, n'est-il pas préférable de trouver refuge dans nos souvenirs ou de puiser quelques espérance dans nos projets ? Dangereuse illusion, vous répondrai-je : la fuite ne résout rien et lorsque vous serez revenu de votre évasion en esprit, vos problèmes seront toujours là. Pour autant, il ne s'agit pas non plus de ruminer sans cesse nos problèmes : vivre dans l'instant présent, c'est d'abord être pragmatique. Ainsi, face à une difficulté, soit vous pouvez faire quelque chose et vous décidez de la faire, tout de suite ou à une date prévue par vos soins, soit vous ne pouvez rien y faire et vous avez tout intérêt à avaler la pilule amère sans délai. En procédant de la sorte, vous en viendrez à la conclusion quelque peu inattendue que la réalité de l'instant présent ne saurait être, en elle-même, problématique : il s'y déploie seulement des situations soit dont il faut s'occuper sur le moment, soit qu'il faut laisser telles quelles, en les acceptant comme faisant partie de l'être-là du moment jusqu'à ce qu'elles changent ou que vous puissiez vous en occuper pour de bon. Finalement, vivre l'instant présent, c'est aussi s'ouvrir à la beauté du monde, à tous ces détails auxquels nous ne prêtons pas attention dans la course effrénée de notre mode de vie : c'est le sourire d'un inconnu, le doux bruit de la pluie qui tombe, ou encore le ciel étoilé, un soir d'été.

Pour conjuguer votre vie au présent :

- L'attitude juste. Nous avons souvent tendance à bloquer notre respiration et à nous crisper pour échapper à l'instant présent. Apprenez comment ne pas vous relaxer* et ajuster votre posture en situation.

- Une chose après l'autre. L'accélération des échanges dans toutes les sphères de notre existence nous conduit à vouloir tout faire en même temps. Mais vous ne pouvez jamais faire qu'une seule chose à la fois. Concentrez-vous sur la tâche à accomplir, sans vous disperser.

- Le point à la ligne. Beaucoup d'entre nous conçoivent le temps comme une ligne allant du passé vers l'avenir, l'instant présent se réduisant à un passage sans intérêt. Et c'est ainsi que l'on passe à côté de la vie, qui n'existe jamais qu'ici et maintenant. Votre passé n'existe plus que par l'évocation de vos souvenirs, évocation que vous pouvez faire dans l'instant présent pour ne pas refaire les mêmes erreurs, mais qui ne doit pas vous distraire du réel. Quant à l'avenir, s'il est utile d'en préparer certaines échéances, il n'existe pas encore et ne doit donc pas non plus vous détourner de ce qui est là. En définitive, le présent est le seul moment que vous pouvez contrôler, il est le point focal de votre existence.

- Sentez le parfum des roses. Pris dans le tourbillon de la vie moderne, nous oublions de profiter des choses les plus simples, qui se donnent à nous sur le moment. Comme le disait Fritz Perls, le fondateur de la gestalt-thérapie, il est bénéfique de "perdre la tête" (les préoccupations de notre mental) pour "gagner les sens" (la réalité qui nous entoure)."


* Dans un autre texte, Loïc Talmon expliquait que s’il ne fallait pas être crispé, il ne fallait pas non plus croire que la relaxation était une panacée. C’est la juste attitude ou la juste tension qui prime. Je rajouterais, pour ma part, que le relâchement est par contre excellent pour accueillir le réel, la vie.