Voir, sentir, goûter…percevoir c’est la substance de la vie. Mais
ordinairement, il nous parait souvent fade le monde de la
perception. N’est-ce pas parce que nous passons plutôt notre vie à la penser, à
l’imaginer, plutôt que la vivre ?
La vraie vie, c’est pourtant ce qui se passe et pas
tant l’idée qu’on s’en fait. C’est ce que nous sommes et ce que nous faisons
lorsque notre esprit ne gambade pas ailleurs. La vraie vie, ce serait vivre tel
quel ce qui nous arrive : la douleur, l’injustice, les mauvaises nouvelles.
Nous sommes d’accord pour accueillir les bonnes. Mais, en fait, ça, c’est le
bonheur. Dans l’idéal bouddhiste, il
faudrait être capable d’accueillir les bonnes comme les mauvaise et de
ressentir le monde tel quel, sans faire le tri. Et c'est le principe du
"détachement".
Mais est-ce humainement possible de faire une telle
chose ? Et serions-nous toujours humain si nous étions détachés? En tant
qu’être humain, nous avons tous nos préférences et nous voulons bien jouir mais
certainement pas souffrir. Or il n'y a pas de plaisir sans douleur. Et en cela
les mystiques l'ont bien compris et sont cohérents puisqu'il faut renoncer au
premier pour éviter la seconde. Mais renoncer au plaisir est-ce encore vivre ? N'est-ce pas
plutôt une vie de cadavre qui nous est proposée là?
D'un autre côté, et c'est là où je suis en accord avec
les bouddhistes, nous sommes souvent dans le refus, dans l'exigence et cette
vie nous la jugeons souvent insatisfaisante. De plus, nous avons souvent
tendance à nous occulter la réalité en nous focalisant et en nous repassant
inlassablement le film de ce qui nous est arrivé. « Ah ! C’était merveilleux !
» Ou bien : « C’était affreux ! » Ou encore, nous allons angoisser en pensant à
ce qui pourrait nous arriver. Bref, le constat, c’est que nous ne sommes pas
souvent « là », pris que nous sommes
dans la ronde incessante des pensées et dans le bourbier des émotions diverses
dont il est difficile de sortir. Mais, à notre décharge, il arrive aussi que
nous vivions parfois des périodes pénibles et qu'il est normal que nous nous
rebellions et que nous désirions nous en échapper.
Mais, c'est vrai, même dans les moments
agréables persiste souvent une certaine tension, une inquiétude. Alors où donc
est-elle cette « Grâce » bouddhiste, ce « Nirvana » ? Qu’est-ce qui pourrait
bien l’amener dans le paysage ?
Les enseignants bouddhistes nous disent qu'il faut "habiter le présent", vivre le présent, être dans le flot. Quelque chose se
passe, je le perçois et je fais ce qui doit être fait.
D'accord, je comprends. Mais demain ou dans 5 minutes
mon esprit me dira que c’est que trop difficile, que je souffre, que je n’y comprends rien, et que
je n’y peux rien ! Voilà, cela ne dure pas, c’est toujours à recommencer…
Malheureusement je crois que nous sommes tous confrontés à cette impasse! Moi la première... Ce n'est pas faute d'y mettre de la bonne volonté.
RépondreSupprimerMadenn, de Zen et Nous
Bonjour Madenn.
RépondreSupprimerEn effet, comme je le dis dans ce texte « c’est toujours à recommencer ». Mais ce n’est pas tant une « impasse » que quelque chose d’inéluctable. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas pour autant désespérer et perdre votre « bonne volonté ». En effet, si vous persistez, vous constaterez que ces moment où « les choses roulent d’elles-mêmes » seront non seulement plus fréquents mais dureront de plus en plus longtemps. Parole !