Il fait un soleil lumineux. Vous vous êtes levé tôt afin
de profiter de la plage encore déserte à cette heure matinale. Sur cette
étendue de sable immense vous vous promenez avec le sentiment d’être seul au
monde. Soudain votre regard est attiré au loin par un objet sur le sable. Vous
vous approchez et vous découvrez un coffre en bois. Vous l’ouvrez et à
l’intérieur se trouve une baguette magique. Il y a une inscription. Sur la
baguette est écrit : « Si vous vous servez de moi, vous deviendrez libre de vos peurs psychologiques. Vous serez
alors capable de satisfaire vos désirs et d’atteindre vos objectifs. De plus,
vous serez enfin pleinement vous-même.
Quelle est donc cette "baguette magique" qui
nous permet d'accroître notre puissance d'agir et qui nous rend libre?
La réponse est : le courage !
Le courage correspond en fait à deux notions. La première renvoie au manque de discipline
et de ténacité dans la réalisation de nos projets. C’est le courage qui
s’oppose à la paresse, à la réticence naturelle que nous avons à faire des
efforts.
L’autre notion est celle qui est liée à la peur. Le
courage est alors la capacité à agir malgré la peur.
La peur est une émotion normale car elle est là pour nous
éviter le danger. Mais le problème, c’est que nous avons tous des peurs
névrotiques ou pathologiques.
Donc la première chose à faire est d’identifier la peur
afin de voir si elle correspond à un danger réel ou illusoire.
Si le danger est réel, parfois il faut fuir. D’autres
fois, il faut assurer ses arrières, avoir des bases de sécurité, ce qui
permettra de faire face mais en minorant les risques.
Mais le danger peut très bien être illusoire et les
difficultés tout à fait surmontables. C’est ce que l’on constate chez les
personnes anxieuses, timides, les phobiques ainsi que celles qui ont un
sentiment d’incompétence personnel prononcé. Une catégorie de personnes que je
connais fort bien car j’en ai fait partie pendant longtemps. Et c’est en
étudiant ces peurs pathologiques que cela m’a permis de m’en libérer dans une
très large mesure.
Dans ce cas précis, c’est notre façon de fonctionner qui
nous limite et nous fout la trouille. La peur n’est qu’une réaction d’alarme.
Ressentir de la peur n’implique pas systématiquement qu’il faille avoir peur.
Mais plus l’émotion sera forte, plus elle paralysera notre esprit et
l’influencera à se représenter la réalité de manière exagérée et dramatique
afin de déclencher une réaction d’évitement ou de fuite. Ici c’est notre «
cerveau reptilien » qui est aux
commandes.
Quand la peur nous empêche de réfléchir posément et de se
poser cette question en toute objectivité : « Et qu’est-ce qui peut se passer
après ? », elle nous empêche d’aller jusqu’au bout de notre réflexion et de voir les différents
scénarios possibles, notamment que la situation n’est pas si grave, mais
également de mettre en perspective les bénéfices potentiels à court et à long
terme d’une action ou d’une situation qui nous trouble.
Donc la bonne nouvelle, c’est que le courage qu’il soit
lié à la paresse ou la peur n’est qu’un simple apprentissage. Soit un
apprentissage de la discipline et de la détermination afin que ne poursuivions
nos efforts pour réaliser nos objectifs, soit il s’agit d’un apprentissage de
notre « cerveau supérieur » pour une reprise de contrôle sur notre « cerveau
reptilien » afin de gérer cette émotion
qu’est la peur.
Mais pour cette dernière, on ne devient pas toujours plus
courageux simplement en réfléchissant et en comprenant que nos peurs sont
totalement irraisonnées. Il faut bien souvent passer à l’action. Là, pour
augmenter son courage, il faut se fixer des objectifs peut-être petits au
début, en tous cas surtout réalisables. Et, à force de succès répétés, notre
capacité à agir s’accroît progressivement, notre esprit se rassure, se
déconditionne de la peur. Il passe alors sur un mode « confiance » et nous
devenons plus courageux spontanément.
Ce qui veut dire qu’il ne suffit d’avoir été courageux
une fois pour l’être régulièrement et en toutes circonstances. Si c’était le
cas nous le saurions. Le courage, c’est donc comme les muscles, c’est une
qualité qui se développe sur la durée grâce à un entrainement régulier.
Avons-nous vraiment le choix ? Manifester du courage est
parfois très pénible mais c’est une nécessité pour nous affirmer et être
heureux. Or la solution la plus facile, c’est de sacrifier ses idées, renoncer
à ses projets, ses désirs ou ses valeurs profondes. Mais à quoi tous ces
renoncements nous conduisent-ils ? Ni plus ni moins qu’à une vie de
frustration, étriquée ou vide de sens; à ressentir souffrance et mal-être par
manque d’épanouissement. De plus, si nous passons notre temps à nous nier ou
trahir nos aspirations profondes, nous ne pourrons que nous évaluer
négativement et avoir terriblement honte de nous-même.
Donc, en conclusion, nous n’avons que le choix du type de
souffrance. Et soit nous nous destinons à souffrir de notre manque de courage soit
nous nous destinons à souffrir pour l’acquérir.
Mais que vaut-il mieux, une souffrance inutile ou une souffrance utile avec
pour résultat la satisfaction, le bonheur et la fierté de soi ?